Effet Geyser

Eau stagnante et faux geyser

Cet article est le troisième de la série «Effet Geyser».
Sophie Trudel
Dessin de Sophie Trudel

«Le fer se rouille, faute de s’en servir, l’eau stagnante perd de sa pureté et se glace par le froid. De même, l’inaction sape la vigueur de l’esprit.» Léonard de Vinci

Allez-up!

S’il en est un qui est en pleine possession de sa Force Geyser c’est bien Felix Baumgartner qui, depuis la stratosphère, s’est élancé en chute libre et a encaissé l’accélération g en évitant le voile rouge (la vision se teinte de rouge -dilatation des vaisseaux capillaires) et le voile noir (la perte de conscience). Vous avez sans doute entendu parler du projet Red Bull Stratos qui a fait la manchette tout autour du monde. Permettez-moi de vous rafraîchir la mémoire. C’est le 14 octobre dernier que ce parachutiste d’exception a réalisé un exploit à couper le souffle. Depuis une capsule pressurisée à 39,045 kilomètres d’altitude au-dessus du désert du Nouveau-Mexique, cet homme «né pour voler» a posé le pied dans le vide et s’est abandonné au mur du son en effectuant une chute de 4 minutes 20 secondes. Victorieux, quelques 36,529 kilomètres plus tard, non seulement il touchera terre, mais il sera toujours vivant les deux yeux dans leurs orbites! Évidemment, ce sauteur extrême détient le record du saut le plus haut jamais réalisé.

Je lui «déroule le tapis rouge» et le «salue bien bas» moi qui en a eu plein l’âme en m’élançant d’un court 4 200 mètres d’altitude, et ce bien fixée (pour ne par dire encastrée) à un parachutiste expérimenté. Je me souviendrai toujours des sensations éprouvées lors de la descente; 200 km/h ça vous emmêle la chevelure! Toute nouvelle devant l’horizon, j’ai eu la vive impression de renaître. Par surcroît, pour me souhaiter la bienvenue dans ce monde, la vie m’en mettait plein les yeux. Du coup, du haut des airs, j’ai retrouvé mon identité; je suis un être de l’univers qui appartient à cette magnifique Terre.

Dans le vide, je renais à ma vie!

Même si ces exploits sont aux deux extrémités de l’échelle des sauts en parachute, je dois dire que c’est la même Force Geyser qui est à l’œuvre; celle du dépassement de soi qui fait tomber les barrières et limites devant soi. Chacun touchera la victoire que lui propose ses propres défis peu importe la mesure de ceux-ci. Ce qui compte c’est de prendre l’élan et d’aller le plus haut possible avec les ressources que l’on a à sa disposition. Outre les investissements monétaires qui ont été nécessaires pour supporter le projet de Baumgartner, avez-vous une idée de tous les efforts qu’il a dus fournir pour arriver à cet exploit? À ce propos, Paris Match* nous informe qu’il a fallu que cet autrichien de naissance réserve sept années de sa vie à la préparation du saut, notamment pour l’entraînement sévère supervisé par des spécialistes, la batterie d’examens répétés, en plus d’une thérapie pour vaincre sa claustrophobie, des tests en conditions réels et j’en passe. Et, quoiqu’il en ait l’habitude, je n’ai pas encore mentionné tous les risques que ce héros a pris sur sa vie pour accomplir cette mission scientifique.

Si Felix Baumgartner est aujourd’hui détenteur de plusieurs records ce n’est pas par hasard. Sans la vision, le travail acharné, la motivation et la persévérance dont il a fait preuve, cet événement historique aurait pu très bien se terminer en eau stagnante ou en faux geyser, c’est-à-dire carrément ne pas avoir lieu ou prendre fin prématurément. Cher lecteur, je vous entretiens aujourd’hui de ce type d’événements, vous savez ceux qui bloquent cet élan grandiose qui nous pousse vers l’avant. Le but de cet article est de démanteler ces forces répressives afin de vivre une vie à la hauteur de ses rêves. Voilà la première leçon de la méthode «Effet Geyser».

De l’illusion à la réalité

«La dernière illusion est de croire qu’on les a toutes perdues.» Maurice Chapelan

N’avez-vous jamais eu l’impression d’être «né pour un petit pain» ou cru ne serait-ce qu’un bref instant que les rêves les plus magnifiques sont inaccessibles? Vous pensez peut-être qu’ils sont réservés à cette élite fortunée de la société, groupe auquel de toute évidence vous ne fait pas partie? Ce sentiment d’exclusion est au cœur des forces sabotrices qui nous écartent de notre pouvoir sur notre vie et fait stagner le potentiel de croissance qui nous habite. En entretenant de telles idées, il est certain que notre Force Geyser restera sous terre, oubliée et inutilisée. Et ce rêve imaginé que vous caressiez, aussitôt partagé, avez-vous dû faire face à des commentaires défaitistes, vous savez ceux qui castrent les meilleures intentions et menacent toute expression de créativité? Voilà le mécanisme qui engendre les faux geysers. Ainsi, il faudra une mesure considérable de Force Geyser pour maintenir le cap de ses objectifs sans être déstabilisé ni découragé par toutes ces voix intérieures ou extérieures qui nous placardent de négativité. Or, pour prendre possession de votre puissance, il est nécessaire de modifier le schème de pensées qui façonne votre réalité. Ceci nous amène donc à la première leçon que nous avons à intégrer afin d’aborder la vie selon une perspective réaliste et positive qui permet de croire en son potentiel et de l’épanouir.

Leçon 1 

Identifier et enrayer les faux geysers qui minent mon bonheur et qui me font stagner au plan de la réalisation de mon potentiel le plus élevé (buts, aspirations, idéaux et rêves).

En terme d’eau stagnante et de faux geyser notons trois types d’illusions qui empêchent notre énergie vitale de jaillir librement ou, carrément, qui la fige six pieds sous terre. Premièrement, il y a tous ces mensonges de notre éducation. Deuxièmement, notons l’illusion que charrie la quête hédoniste. Et, troisièmement, soulignons la pensée enflammée qui nous emporte vers les plus hauts sommets, mais qui sans tarder nous brûle au contact de la réalité.

1. Mensonges de notre éducation : Cette catégorie inclut la panoplie de croyances pessimistes et limitatives qui découragent toute réalisation. Elles sont apprises dès notre tout jeune âge au sein même de notre famille et de la société dans laquelle nous évoluons. Les pensées automatiques liées, par exemples, au dogme religieux et au patriarcat qui imposent des règles de conduites oppressantes, enraient les droits individuels aux profits de ceux du groupe ou de certains membres d’entre eux et qui perpétuent également la soumission des uns sur les autres (être au service de la vie de l’autre plutôt que vivre la sienne) constituent les pierres angulaires sur lesquelles se sont érigés les mensonges de notre éducation. Ajoutons à toutes ces croyances celles qui encouragent la discrimination sous toutes ses formes, notamment entre les sexes, les orientations sexuelles, les âges, les classes sociales, les statuts, les races, les états de santé, les handicaps, etc. Du fait de notre appartenance à l’une ou l’autre de ces catégories, on nous apprend, entre autres choses, que nous ne naissons pas égaux, que nous aurons moins de chance que d’autres de devenir le maître de notre vie et de notre destin et que nos rêves ne verront probablement pas le jour. Or, il est inutile d’essayer de réussir puisque tout est déjà perdu par avance. Ce qui est tout à fait faux.

Ne jouons pas à l’autruche. Oui certains groupes de personnes jouissent de privilèges que nous ne possédons pas comme l’accès à des conditions de vie facilitantes, à des moyens et à des capacités supérieures aux nôtres (intellectuelles, mentales, physiques, spirituelles, affectives etc.). Évidement, il sera probablement plus aisé pour celles-ci de relever le défi que nous convoitons en accédant ainsi plus facilement aux meilleures ressources. Toutefois, il y aura toujours des gens qui seront plus avantagés que nous et d’autres qui le seront moins. C’est à chacun de nous que revient la responsabilité de nous dévictimiser et d’agir en faisant les pas nécessaires pour parvenir à nos fins, et ce, à partir de notre situation actuelle. Pensez-vous que Felix Baumgartner aurait réalisé ces 2500 sauts extrêmes s’il  avait cédé son pouvoir à tous ces êtres privilégiés qui le surpassent en moyens et en capacités? Inspirons-nous de tous ceux qui se sont démarqués par leur cran en sortant des sentiers battus pour réaliser ce qui semble hors d’atteinte, et ce, même en situation désavantageuse.

Privilégié ou non, à notre détermination se joindra également tous ces petits coups de pouce que place la vie sur notre route; pensez à tous ces évènements «fortuits» tels qu’une rencontre favorable, une information qui arrive exactement au bon moment, une chanson qui nous interpelle et nous aide à demeurer focalisé sur notre objectif dans un moment critique, une entrée d’argent imprévue qui permet de payer les frais d’une inscription, etc. Toutes ces situations bénéfiques nous incitent à continuer et à persévérer même dans les pires conditions. Vous le savez très bien, la vie demande parfois beaucoup de courage. En progressant ainsi nous acquerrons vertus, compétences, forces, habiletés ainsi qu’un sentiment d’accomplissement qui vaudront certes tous les efforts déployés. Une fois transcendés, tous ces moins se transformeront en plus et, par surcroît, tout le mérite nous reviendra.

2. L’illusion de la quête hédoniste: Selon cette vision du monde, la recherche du plaisir et l’évitement du déplaisir ainsi que de la souffrance constituent l’objectif ultime de toute existence. Hors de tout doute, je crois effectivement que nous devons tous viser la joie et le bonheur. Toutefois, le fait de nier certaines dimensions que comporte une expérience, notamment ses côtés obscurs et les sentiments douloureux qu’elle peut véhiculer, est une stratégie qui bien qu’à court terme soit avantageuse, à moyen et long terme elle devient nuisible. Pensons au deuil non résolu et au conflit qui blesse et sépare qui, même camouflés, nous font souffrir entre deux plaisirs. L’évitement et la négation laissera toujours en nous un goût amer. Ceci nous coupe d’un mieux-être ainsi que des leçons de vie importantes que nous avons à intégrer pour accéder à des niveaux supérieurs d’épanouissement.  Or, toutes ces histoires inachevées au non du plaisir devront être bouclées et tous ces nœuds dénoués afin d’accéder au bonheur. À bien y penser, si on sait transformer ce genre d’expériences en modifiant ses perceptions, en prenant le bon côté des choses, ces aspects inconfortables ou «négatifs» peuvent agir de motivation au dépassement de soi et de moteur à l’action.  L’évitement de la peine est une chose, la quête du plaisir associée à l’attitude matérialiste en est une autre.

Dans notre société, la recherche du plaisir passe souvent par l’argent, la jouissance des biens matériels, l’accumulation de ceux-ci, l’adoption d’un style de vie luxueux et d’un train de vie qui bat au rythme des insertions de cartes de crédit certifiées or dans le lecteur magique. Outre l’endettement incroyable que cela génère, au final tout cet attirail qui se veut au service du bonheur contribue souvent au sentiment de vide; celui dans  vos poches comme celui du sens à votre vie. Encore une fois, l’argent est une énergie qui utilisée judicieusement nous fait prospérer en rendant possible toutes ces expériences qui enrichissent l’être. J’aime l’argent et je m’en souhaite plus que nécessaire et je vous souhaite la pareille. Ainsi celle-ci devrait nous permettent de nous réaliser (grandir, croître, se dépasser) et non d’agir à titre de trophée que l’on étale et expose pour signifier notre réussite et notre statut supérieur à autrui, c’est-à-dire nourrir cet ego en mal d’être par le paraître. C’est justement ce dont une compagne de yoga m’entretenait hier en soulignant le non sens qu’elle éprouvait face à cette course à l’argent qui obnubile certaines personnes de son entourage. L’arrivée du temps des fêtes et de tous ses excès n’est pas sans nous rappeler le monde capitaliste dans lequel nous évoluons, système qui sert davantage à enrichir les riches qu’à célébrer toutes ces belles valeurs qui donnent un sens à la vie.

3. La pensée enflammée: À un moment ou à un autre, nous avons tous éprouvé de l’effervescence autour d’une idée, d’une solution, d’un moyen ou d’une activité quelconque qui semblait offrir la réponse parfaite à ce que nous cherchons. Et voilà que les scénarios les plus exaltés défilaient les uns à la suite des autres ainsi que leur dénouement fantastique. Wow! Ainsi gonflée par la vivacité de nos désirs, déformée par nos besoins les plus criants et manipulée par nos fantasmes, cette vision prenait les contours d’une chimère. Pour se concrétiser cette promesse d’un immense geyser aura certainement besoin d’une grosse charge de Force Geyser pour jaillir jusque dans la stratosphère! Cette construction mentale à l’allure kamikaze qui offre de fabuleuses possibilités sera inévitablement confrontée à la réalité (ce qui est différent de négativité) et décomposée jusqu’à néant, à moins que ce projet ne soit bien ficelé et votre motivation de béton.

Il faut rêver et rêver plus grand que nature pour sortir du moule et, comme Felix Baumgartner l’a fait, décrocher de nouveaux records de réalisation. Mais ce n’est qu’une étape. Ensuite, il importe d’évaluer la faisabilité du projet et construire un chemin (le plan) qui, étape par étape, mènera au but souhaité (voir l’article Le Vénérable du sommet placé sous l’onglet Accès VIP). Une fois tous les détails analysés et les dimensions de notre réalité envisagées (ressources, forces, qualités, compétences, appuis et alliés, etc.), si le projet ambitieux se solidifie et engendre autant de passion que lors de la rêverie initiale, alors voilà un geyser prometteur. Lancez-vous et allez jusqu’au bout! Si toutefois la pensée de départ est réellement une pensée enflammée, comme le phénix, le projet se consumera de lui-même. Il y a alors création d’un faux geyser; l’idée ne jaillira pas. L’impulsion qui a engendré cette excitation pourra renaître sous une autre forme, un autre projet plus réaliste cette fois-ci. Bref, pour que cette idée qui vous enflamme ne perde pas tous ses charmes au contact de la réalité, cherchez jusqu’à ce que vous trouviez la voie qui la réalisera. Ajustez ensuite l’idée de départ aux découvertes que vous ferez et foncez. Vous y parviendrez!

Puissance maximum

Il n’y rien de plus savoureux que de croire en soi et de s’élancer vers ce but qui nous fait rêver d’accomplissement. Ceci libère tant de Force Geyser (d’énergie à l’action) que pendant une session de course à pied, j’ai parfois l’impression d’aller plus vite que la lumière et d’être aussi incroyable que Felix Baumgartner! Nul besoin de pénétrer la stratosphère pour décrocher un record qui nous fera vibrer intensément, et même qui nous coupera le souffle. On devient alors «accro» aux sensations que procure le dépassement de soi; notre être entier nous pousse encore plus vers l’avant, encore plus haut, plus loin et plus vite! Allez-up, puissance maximum! Et, à force de persévérance on y arrive! Tous cela est à notre portée au quotidien à travers tous les petits et grands défis qu’on se lance et qu’on réalise. C’est aussi simple que de rayer un à un les items qui se retrouvent sur votre liste des tâches à faire, une course réalisée à une vitesse plus rapide que son dernier record de temps, une recette qui se transforme en un souper de roi qui vous vaut les éloges de vos invités, les économies réalisés grâce à vos coupons rabais échangés au supermarché, une solution parfaite à un problème, une résolution tenue avec fermeté, le raffinement d’un talent, l’amélioration d’un défaut… Puisez à même vos propres défis et vous verrez qu’une seule journée est remplie de promesses de réalisation qui, une fois accomplies, contribuent à votre état de satisfaction et votre bonheur.

Défis et génie

Naturellement, la vie nous met en contact avec notre source geyser en nous proposant constamment des défis ou en nous inspirant des idées de génie. Elle sollicite notre ingéniosité pour dénouer les scénarios les plus saugrenus ainsi que pour réaliser les inspirations les plus extravagantes. Toutefois, pour ne pas empêcher ce flot de circuler et de faire librement jaillir notre Force Geyser, il faudra être attentif à toutes ces croyances du type eau stagnante ou faux geyser qui freinent notre mise en action. Prenez-garde aux croyances répressives et balayez les discriminations qui sortent tout droit de votre éducation et qui, comme une voix en écho sans cesse rejouée, sabotent votre progression. Vous avez toutes les chances de réussir peut importe votre condition. En agissant exactement à partir d’où vous vous situez présentement par rapport à votre objectif, avec vos propres forces, capacités et ressources actuelles, vous pouvez avancer et progresser. Et, par surcroît, la vie se chargera de vous aider en cours de route. Choisir le dépassement de soi c’est vous enrichir à tous les niveaux (corps, cœur, tête et esprit). Ne bâtissez pas votre vie uniquement sur l’or et le plaisir car au détour le vide de sens vous guette. C’est cliché, mais le fait de miser sur vous-même, vous permettra de décrocherez ce gros lot qu’est une vie pleinement vécue et épanouissante! Enfin, mettez vos idées les plus grandioses à l’épreuve en cherchant le moyen de les incarner. Bien préparé, même les avis les plus défaitistes ne pourront venir contrecarrer le projet sur lequel vous investissez votre énergie et vos talents. La réussite est assurée. Voilà un magnifique geyser en formation!

Cher lecteur, votre tâche consiste maintenant identifier puis à enrayer les faux geysers qui minent votre bonheur et qui vous font stagner au plan de la réalisation de votre potentiel le plus élevé (projets, buts, aspirations, idéaux et rêves). Soyez attentif à votre discours intérieur et observez vos croyances. Entourez-vous de personnes aimantes qui croient en votre potentiel et qui vous stimulent à le réaliser.  Voilà matière à vous faire réfléchir jusqu’au prochain article. Alors d’ici là, croyez en vous-même, vivez votre vie à coup de défis et nourrissez-vous des meilleures pensées. Après ce labeur, il ne vous restera plus qu’à ouvrir les bras et à récolter les fruits de vos efforts un jour à la fois et jour après jour.

À bientôt!

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* ROBERT, Lionel. «Felix Baumgartner. Le grand saut», Paris Match, no 3309, 18-24octobre 2012, pages 52 à 63.

© Martine Trudel, 2012

Information exclusive. Toute reproduction autorisée avec la mention explicite du nom de l’auteure et du site fontainedelumière.wordpress.com.

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